En Haute-Normandie, nul ne peut ignorer l’existence des mares tant elles font partie du paysage rural traditionnel, donc de notre patrimoine. D’autre part, en tant que petits plans d’eau disséminés sur le territoire, elles conservent leur intérêt à plus d’un titre : régulation du ruissellement des eaux de pluie, rôle de véritables réserves biologiques pour la faune et la flore aquatiques. La commune de Bosc-Roger-en-Roumois vous fait découvrir ces petites étendues d’eau qui font le charme de notre village.
Les mares sont en général contemporaines des maisons, les matériaux extraits servant à la construction, notamment l’argile pour la fabrication du torchis. Elles sont, jusqu’au XVIIIe siècle, les seuls moyens d’approvisionnement en eau pour les animaux et les hommes. C’est pourquoi leur emplacement est soigneusement choisi pour se trouver au centre des activités des habitants de chaque hameau. Celle du Froc-Duhamel ne doit pas échapper à cette règle. Il faut alors rechercher quelle est la spécificité de ce lieudit. Commençons par la signification du mot « Froc » : étymologiquement, il désignerait un lieu de friches ou de terres incultes. Nous pouvons penser que la forêt recouvrait une bonne partie du territoire de Bosc-Roger (le bois du Seigneur Roger ?) et que ce hameau, encore proche de la forêt de la Londe, fut défriché et mis en culture avec difficulté. Cependant si l’on se réfère au patois normand, le Froc qui se prononce « fro » est un drap de laine grossier et bon marché. Le froc désigne par extension un habit de dessus à l’usage de tout le monde mais initialement une partie de l’habit monacal qui couvre la tête et les épaules. Le froc finit par désigner l’habit tout entier.
On sait que la filature de la laine et le tissage des draps débuta au Moyen Age dans les campagnes du Roumois. A Bosc-Roger cette activité engendra un certain dynamisme qui atteindra son apogée au XIXe car d’après les archives, trois-quarts des rogebourgerons travaillaient à leur domicile pour le compte des marchands elbeuviens. Presque chaque maison était équipée d’un métier à tisser dans une pièce située près de l’entrée pour laisser entrer la lumière du jour et qui portait le nom de « boutique ». On peut donc imaginer que dans ce hameau les habitants fabriquaient du drap de laine comme dans toute la paroisse. Mais comme à proximité du Froc-Duhamel il existe le lieudit « Champs-aux-Moines », cela nous ramène aux habits de ces religieux et à nous interroger sur le rôle de ces derniers. Au XIIIe siècle, un sanctuaire situé dans la forêt de La Londe portait le nom de chapelle Saint-Nicolas-du-Bosc. C’est là que, dit-on, les premiers seigneurs de Bosc-Roger furent inhumés et c’est en leur mémoire que Jeanne Breton décidait, vers 1300, de concéder une terre aux religieux qui s’y étaient établis d’où le nom de « Champs-aux-Moines ». La ferme Saint-Nicolas qui existe toujours rappelle le souvenir de cette chapelle et le chemin qui porte ce nom sur les anciens cadastres est dans la continuité du chemin du Froc-Duhamel. A cette même époque, la collégiale de La Saussaye possède le patronage de l’église Saint-Pierre et les chanoines y prélèvent la dîme.
Tout ce qui précède pourrait nous permettre d’avancer l’hypothèse que dans ce hameau la famille Duhamel s’était spécialisée dans la fabrication de drap de laine pour les habits des moines et que par association d’idées le lieudit et la mare aient pris le nom de Froc-Duhamel.
Françoise Guilluy
La mare de La Capelle est située dans la commune de Bosc-Roger-en-Roumois et se trouve en bordure de la route de La Capelle, entre plusieurs habitations.
Elle adopte une forme triangulaire de 30 x 20 x 15 m. Une clôture empêche son accès. Les berges ont un profil vertical et sont enherbées.
Cette mare est caractérisée par une strate arborée et arbustive dense (noisetiers). Cette strate recouvre entièrement le milieu. Elle recueille, en cas d’épisodes pluvieux, les eaux provenant de la route de La Capelle.